La température influence la croissance des céréales
De manière générale, la hausse des températures active la croissance végétale. En effet pour produire un épi mûr, une céréale a besoin d’accumuler une quantité de chaleur bien définie. Avec l’augmentation des températures annuelle, son besoin est plus rapidement satisfait et son cycle de vie est raccourci. Les agriculteurs l’ont constaté : les moissons commencent beaucoup plus tôt dans la saison. Mais qui dit croissance rapide dit aussi moins de temps pour remplir le grain… et cela peut réduire le rendement en céréale.
Au-delà des températures, l’augmentation très nette des épisodes de canicule n’est pas sans conséquence. Ces coups de chaleur sur plusieurs jours consécutifs ont un impact très négatif sur les rendements et la qualité des grains de céréales. En effet, un blé tendre bloque complètement sa croissance et se met en état de stress thermique au-dessus de 25°C. Du coup à chaque canicule de début d’été, ce sont des tonnes de grains qui ne sont jamais récoltées.
La hausse des températures redessine la carte des régions céréalières
L’augmentation des températures permet à certaines régions de commencer à cultiver certaines céréales. C’est le cas des zones qui jusqu’ici étaient encore trop fraîches pour les besoins de la plante. Un exemple très concret est celui du blé dur qui remonte progressivement vers le nord de la France, lui qui était jusqu’à maintenant principalement cultivé sur le pourtour méditerranéen. Et c’est aussi le cas des céréales d’origine tropicale comme le sorgho et le millet qui s’acclimatent de mieux en mieux sur notre territoire, tant que les réserves en eau sont suffisantes.
Champ de sorgho brun en France - Pixabay
Le manque d’eau impacte les cultures céréalières
L’eau est une composante essentielle à la croissance des céréales. Les évolutions climatiques perturbent le rythme et l'intensité des pluies saisonnières. Les agriculteurs ne peuvent plus compter sur un calendrier bien défini. La tendance est une baisse des quantités d’eau au printemps et surtout des sécheresses estivales de plus en plus marquées. Or pour la plupart des céréales, c’est au printemps et en été que le besoin en eau est le plus important. Et la réserve du sol ne suffit pas à combler les besoins si le ciel ne vient pas donner un petit coup de main. Les céréales à paille (comme le blé dur, le blé tendre ou l'orge) remplissent plus difficilement leurs grains sur avril-mai, et le maïs souffre considérablement de la sécheresse en plein été. Le manque d’eau met la céréale en situation de stress hydrique. Respiration, transpiration, photosynthèse… tout se met en pause, ralentissant la formation et la qualité des grains qui seront moissonnés.
L’augmentation du CO2 et son effet sur les céréales
Dans la théorie, l’augmentation de la concentration en CO2 dans l’air activerait la croissance des céréales, en dopant leur activité photosynthétique. Sur le terrain d’autres facteurs entrent en jeu : la lumière, l’eau dans le sol, les températures, le taux de CO2... Ainsi, plus de CO2 peut avoir un effet bénéfique sur les rendements des céréales, si tant est que les températures soient idéales et que la réserve en eau du sol soit suffisante. Et là, le scénario parfait devient beaucoup moins évident pour en faire une généralité.
Comment les agriculteurs céréaliers s'adaptent face à l’incertitude du climat ?
La nature est bien faite et le milieu végétal arrive toujours à s’adapter. Les agriculteurs céréaliers travaillent chaque jour pour mieux temporiser les effets des aléas du réchauffement climatique :
- décalage des dates de semis pour esquiver les canicules avant la moisson,
- choix de nouvelles variétés de céréales plus résistantes à la sécheresse,
- techniques agronomiques pour garder l’humidité des sols,
- stockage des eaux hivernales pour l’irrigation en été, etc.
Cependant l’augmentation des aléas et des accidents culturaux, de manière très inégale d’une région à une autre, est une réelle difficulté pour les agriculteurs. La régularité de leurs récoltes de céréales d’une année sur l’autre est soumise à rude épreuve. Ainsi, chaque choix de l’agriculteur est une prise de risque dans ce nouveau contexte d’incertitude climatique.
Le secteur agricole agit pour réduire les émissions de gaz à effet de serre
Réussir à s’adapter au climat est déjà une première étape mais les enjeux alimentaires, économiques et environnementaux sont trop grands pour que cela soit l’unique stratégie. Tous les efforts pour réduire les émissions de GES (Gaz à effet de serre) sont à réaliser dès aujourd’hui, pour en percevoir les effets positifs sur le climat dans plus de trois décennies. Le secteur agricole et céréalier agit déjà dans ce sens depuis plusieurs années et continue d’innover et de trouver des solutions face au réchauffement climatique.
Lire le dossier complet sur les actions menées par la filière céréalière en faveur du climat
*GIEC : groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat