Nous vous proposons de démarrer cette série thématique sur les céréales au musée du Quai Branly- Jacques Chirac par la découverte des œuvres liées au maïs, céréale la plus produite dans la monde.
Le maïs est largement cultivé pour ses grains riches en amidon, pour la consommation quotidienne des populations et comme plante fourragère pour les animaux. Base de l'alimentation en Amérique centrale, le maïs comporte aussi une dimension sacrée pour les civilisations qui peuplent les sous-continents américains, constituant un lien entre les hommes et les dieux : le maïs a, dans nombre de cultures précolombiennes, une double dimension de don divin permettant la subsistance des hommes et d’offrande des hommes aux divinités. Le maïs est au cœur de la cosmogonie, c’est-à-dire de la représentation que se font les populations de la création et de l’organisation de l’univers.
C'est le cas chez les Mayas, civilisation de Mésoamérique localisée sur la péninsule du Yucatan (correspondant actuellement au sud du Mexique, au Guatemala, au Honduras, au Belize et au Salvador). Entre 600 av. J.-C. et environ 1000 ap. J.-C., la culture maya se développe dans des cités-états, telles que Copán, Tikal, Palenque et Chichén Itzá autour de la culture du maïs. Le mot "maya" signifierait "maïs" ; céréale qui tient donc une place primordiale dans les mythologies et dans la vie quotidienne. En effet, les Mayas s'identifiaient comme des "hommes de maïs" et pratiquaient, à l’aide de planchettes de compression, la déformation crânienne dès le plus jeune âge, par parallélisme avec la forme d'un épi de maïs.
Homme assis au crâne déformé en forme d'épis de maïs tenant un vase - Mexique, culture Maya, 300 av. JC - 600 ap. JC (Inv. 71.1924.13.2520) |
Les Aztèques ou Mexicas ont succédés politiquement aux Mayas à partir du XIIIe siècle jusqu'à l’an 1521. Ils ont divinisé le maïs sous les traits de Chicomecóatl, déesse de la subsistance et de la végétation, en particulier du maïs, et, par extension, déesse de la fécondité.
Chicomecoatl, déesse du maïs - Mexique, culture aztèque 1350 - 1521 (Inv. 71.1887.155.14) |
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Chicomecoatl, déesse du maïs - Mexique, culture aztèque 1350 - 1521 (Inv. 71.1887.155.13) |
On l’appelle aussi Xilonen, c'est à dire "la poilue", évoquant ainsi les soies des jeunes épis de maïs. Le culte de Chicomecóatl était concentré sur le mois de septembre appelé huei tozoztli (du jeûne prolongé). Les autels des maisons étaient alors ornés de plants de maïs et, dans les temples, les graines étaient bénies. Des sacrifices étaient associés au culte visant à nourrir la déesse qui avait elle-même assuré la subsistance des communautés humaines. D'autre part, les Mexicas adoraient une divinité par stade de maturité du maïs (la déesse Ilamatecuhtli symbolisant le maïs mûr, par exemple, tandis que Chicomecoatl était associée au maïs jeune), rappelant ainsi, outre la consommation quotidienne de cette céréale, l'importance du cycle de sa culture dans le monde aztèque.
En Amérique du Sud aussi, dans les régions andines influencées par la culture maya (Équateur, Pérou, Bolivie, Venezuela, et Colombie), cette céréale tient une place prépondérante dans la vie quotidienne et dans les croyances. Ainsi, la chicha, boisson préparée à base de maïs fermenté, était consommée par les prêtres chamanes dans le cadre de leurs activités spirituelles.
Personnage en posture de méditation, consommation de maïs fermenté, boisson psychotrope, à des fins rituelles - Equateur, 500 av. JC - 500 ap. JC (Inv. 71.1973.48.1) |
Aujourd'hui la culture maya est encore très présente au Yucatan et le maïs est toujours la base de l’alimentation en Amérique centrale. En outre, si le maïs est étroitement lié à la représentation de l'univers et des dieux en Amérique centrale et en Amérique du Sud, sur la plupart des autres continents, la culture des céréales se reflète dans la vie quotidienne d'une communauté, où le calendrier agraire sert de modèle aux événements et rites sociaux.
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