L'alimentation bio s'installe durablement dans les foyers
En France, la consommation de produits biologiques a plus que doublé au cours des cinq dernières années. Ainsi, depuis 2016, les achats des produits alimentaires bio des ménages ont progressé de 1,3 milliard d’euros (Md€) chaque année, et 6,1 % de la consommation alimentaire des ménages sont désormais consacrés aux produits biologiques (Source Agence Bio Chiffres 2019, juillet 2020).
La recette du succès ? Au-delà des critères de qualité et de respect de l’environnement associés aux produits bio, ceux-ci bénéficient, en termes de perception, d’un halo vertueux recouvrant des valeurs auxquelles les Français sont de plus en plus attentifs : bien-être animal, origine et authenticité, consommation locale, circuits courts...
De plus, à l’heure où les consommateurs affichent une certaine défiance vis-à-vis des produits transformés, le label « bio » apparaît comme un élément rassurant qui contribue à renouer la relation de confiance. Dès lors, il n’est pas étonnant que les produits transformés bio comptent parmi les plus fortes progressions du marché bio (+17 % par an).
Les produits céréaliers bio en effervescence
L’une des hausses les plus spectaculaires se situe au rayon « bières » où les achats bio ont progressé de +24 % en 2019. Si les grandes marques de bières développent des gammes bio, la hausse de la demande est également portée par la multiplication des brasseries artisanales dont un grand nombre est engagé en bio. En 2019, on dénombrait pas moins de 285 brasseries indépendantes certifiées 100 % bio avec une offre de 560 marques (Source Syndicat national des brasseries indépendantes, juin 2019).
Brassage de bière artisanale - Pixabay par cerdadebbie
Parmi les produits céréaliers bio ayant le vent en poupe, les céréales pour petit-déjeuner jouent un rôle moteur dans la progression de l’épicerie sucrée bio (+17 %, source Agence Bio). De même, les farines, pâtes, riz et autres céréales bio s’installent durablement dans les rayons, tant chez les commerçants spécialisés que dans les enseignes de grande distribution. Enfin le pain bio continue aussi à progresser, même s’il garde une place réduite dans les achats de pain (4,6 %) car ce produit est, par nature, considéré par les consommateurs comme sain (Sources : Credoc-Observatoire du pain 2016 et UB-Étude boulangerie 2017).
L’avenir de l'alimentation biologique se prépare sur le terrain
La nutrition animale est un autre moteur de la demande de céréales bio, avec en tête les producteurs d’œufs et de volailles ainsi que les fabricants d’aliments pour le bétail. Là encore, le choix de ces acteurs est motivé par les attentes d’un consommateur final toujours plus exigeant sur l'origine et l’identité des ingrédients mis en œuvre pour produire son alimentation.
Face à ces marchés en pleine expansion, les filières de production se mobilisent pour répondre à la demande. Au niveau de la « Ferme France », plus de 5 500 exploitations se sont lancées sur la voie de l’agriculture biologique en 2019. Ce mouvement qui concerne toutes les productions s’est particulièrement accéléré au niveau de la filière céréalière. Aujourd’hui, 16 700 exploitations agricoles et 422 000 hectares sont engagés sur la production de céréales bio (255 845 ha sont certifiés bio et 167 061 ha sont en conversion en 2019 ).
Chaque année, un millier d’exploitations entrent en première année de conversion bio. « 4,9 % des surfaces de grandes cultures françaises étaient cultivées en bio, en 2019 », précise l’Agence Bio. Plus qu’une tendance, la production bio est devenue un levier stratégique à part entière pour la filière céréalière, qui l’a intégrée dans son Plan de transformation de filière présenté dans le cadre des États généraux de l’alimentation, fin 2017. Objectif ? Doubler les surfaces cultivées en bio sur cinq ans.
Au-delà du blé, le développement de la filière céréalière bio concerne toutes les céréales (maïs, blé dur, orge...) ainsi que la mise en place d’infrastructures dédiées (sites de stockage, unités de première transformation). Soit un dispositif complet pour répondre aux attentes sociétales et créer de la valeur dans les territoires.
Témoignagne de Laurent Isambert, agriculteur bio : "Comment je me suis converti à l'agriculture biologique"
Pour une exploitation en agriculture conventionnelle, passer au bio nécessite d’engager un processus dit « de conversion » encadré par une réglementation rigoureuse et étalé sur plusieurs années. Malgré ces contraintes, les agriculteurs sont de plus en plus nombreux à emprunter cette voie.
« Le processus de conversion peut-être vécu comme un frein par certains confrères, confirme Laurent Isambert, installé à Éole-en-Beauce (Eure-et-Loir), mais si la motivation est là, on a beaucoup à y gagner. Ma décision est à la croisée d’un cheminement personnel, marqué par une sensibilité naturelle à l’écologie, et d’un choix professionnel qui engage profondément les pratiques quotidiennes et la conduite de l’exploitation. J’ai la chance d’être implanté sur un territoire où plusieurs conditions favorables sont réunies (sol, climat, irrigation) pour rendre le projet économiquement viable, notamment au niveau de la gestion du risque. En effet, les écarts de rendements d’une année à l’autre sont plus importants qu’en agriculture conventionnelle, mais les récoltes sont mieux valorisées. Lorsque je me suis lancé, en 2018, j’ai vraiment eu l’impression d’un changement de métier, mais au fil du temps je me suis senti de plus en plus proche de ses valeurs fondamentales. Les deux premières années sont difficiles car les pratiques sont totalement conformes au cahier des charges bio mais la récolte n’est pas certifiée avant le troisième anniversaire de l’entrée en conversion... Pour autant, je ne regrette pas mon choix : c’est une source de satisfaction à la fois personnelle, professionnelle et citoyenne qui récompense les efforts engagés ! »