Un dimanche sur deux, Pierre sort son grand livre de recette et demande à sa fille, Ambre, 9 ans, de choisir la pâtisserie qu'elle souhaiterait déguster pour le goûter. Gâteau au chocolat, religieuses ou biscuits à la cuillère... Les possibilités gourmandes ne manquent pas ! Une fois le choix effectué, les courses sont faites et la préparation peut débuter. « Je n'étais absolument pas porté sur la cuisine jusqu'à présent, explique cet enseignant auvergnat. Mais j'ai découvert combien cela pouvait être agréable de réaliser soi-même des desserts. C'est très satisfaisant, et c'est aussi un moment de partage précieux avec ma fille ! »
Comme eux, de nombreux Français ont découvert ces dernières années les plaisirs du « fait maison ». Selon une étude publiée en 2018 par l'Observatoire société et consommation, ils sont mêmes 80 % à se dire adeptes du DIY (« do it yourself » ou « fais-le toi-même »). Une tendance massive qui s'étend à de nombreux domaines (fabrication de cosmétiques ou objets de décoration par exemple) parmi lesquels les préparations culinaires se trouvent en bonne place. Une enquête menée par l'Ipsos en 2015 montrait ainsi que la cuisine et la pâtisserie figuraient au rang des activités créatives les plus populaires, pratiquée par près d'un Français sur deux (46 % des sondés, devançant même le bricolage et la décoration à 44 %). Il n'est qu'à voir le succès des sites de recettes en ligne ou des émissions culinaires pour mesurer l'attrait des consommateurs pour la cuisine, avec, notamment, la confection de pains, pâtisseries et viennoiseries.
Cuisiner, un moment de partage et de convivialité
Pourquoi un tel attrait ? De plus en plus soucieux de la qualité de leur alimentation, les Français manifestent en toute logique un intérêt croissant pour le contenu de leur assiette. Ce faisant, ils poursuivent aussi une quête de sens que la cuisine peut leur offrir. « Le fait soi-même est (…) devenu un moyen de se réaliser ou de s'exprimer », analyse le ministère de l'agriculture dans une étude parue en 2017. Cette passion est également étroitement liée à la notion de partage. Lorsque Pierre met la main à la pâte avec sa fille Ambre, ils s'offrent de précieux instants de convivialité. Une réalité qui vaut au-delà du cercle familial, cette pratique favorisant, pour nombre de ses pratiquants, la création de lien social.
Cette passion des Français pour le « fait maison » a été décelée depuis de nombreuses années par les professionnels de la boulangerie et de la pâtisserie. C'est ainsi que, voici une vingtaine d'années déjà, l'Institut national de la boulangerie pâtisserie (INBP) de Rouen a joué le rôle de précurseur en lançant des ateliers découverte ouverts au grand public. Nombre d'animations ont été développées au fil des ans, notamment auprès des scolaires. D'autres ont ciblé les étrangers effectuant une escale au port de Rouen à l'occasion d'une croisière. De quoi permettre à un public international de découvrir les secrets de pâtisseries représentant, à ses yeux, le savoir-faire « made in France ». Des stages sont aujourd'hui encore proposés par l'INBP au grand public. Aux côtés de professionnels, les amateurs peuvent ainsi s'initier aux techniques de base de la boulangerie, viennoiserie et pâtisserie.
A la découverte du métier de boulanger
Apprendre à faire son pain soi-même, à réaliser de délicieuses bûches pour les fêtes... Ces dernières années, de nombreux initiations ont été mises en place par des boulangers ou des pâtissiers à travers le pays. « Il y a en a de plus en plus, confirme Julien Cantenot, boulanger à Paris. Les Français témoignent d'un véritable engouement pour les ateliers ! On le constate dans notre secteur comme dans d'autres, comme la couture. »
Il propose lui-même d'accompagner des particuliers dans la fabrication de pains au levain. Pétrissage de la pâte, façonnage des pains, cuisson au four... Chaque étape est expliquée et réalisée au cœur du fournil de la boulangerie. Une façon, pour Julien Cantenot, comme pour de nombreux boulangers français, de transmettre sa passion et avec elle des savoir-faire techniques. Et une opportunité précieuse pour faire découvrir le métier de boulanger au plus grande nombre.