Vous l'ignoriez ? Les téléspectateurs de la BBC également. Ils apprennent la nouvelle en 1957 dans un reportage sur la récolte des pâtes diffusé dans l'émission d'actualités Panorama.
Alors, bien sûr, ce mets n'est, dans les années 50, que peu présent sur les tables d'outre-Manche. Il semble par conséquent assez mal connu des Britanniques. Par ailleurs, ce rendez-vous télévisuel est salué pour les sujets d'investigation exigeants qu'il propose chaque semaine... Mais tout de même, la surprise, voire l'incrédulité, est grande pour les 8 millions de téléspectateurs qui regardent l'émission ce soir-là.
Ceci étant, force est de constater que le sujet est réalisé avec tout le professionnalisme qu'on connaît à l'émission. Le propos du journaliste est tenu avec un grand sérieux, et la caméra suit méticuleusement le devenir des spaghettis, de l'arbre à l'assiette. En outre, les détails ne manquent pas : on apprend dans le reportage qu'avec le temps, les cultivateurs ont été capables de produire des spaghettis de taille égale (« le spaghetti parfait », précise le commentateur). On évoque également une récolte prometteuse, notamment du fait de la « quasi disparition du charançon du spaghetti ». Et que dire des gestes d'une grande précision de ces augustes cueilleuses qui disposent le fruit de leur récolte dans de grandes panières !
Comment acquérir un tel arbre
Il fallait s'y attendre : après la révélation de l'un des plus extraordinaires secrets des agriculteurs de la région de Lugano (Suisse), la BBC recevra de nombreux appels de téléspectateurs désireux d'acquérir l'un de ces arbres miraculeux. Des appels passés pour la plupart le lendemain de la diffusion du sujet, soit le... 2 avril. Il ne s'agissait malheureusement que d'un poisson d'avril.
Un poisson, un April Fool's Day comme disent les Anglais, mais pas n'importe lequel : « Le meilleur canular de tous les temps », aux yeux de certains spécialistes. Un cameraman de l'émission, Charles de Jaeger, en serait à l'origine. La légende dit qu'enfant, il avait dû subir les moqueries d'un enseignant. Lequel aurait sous-entendu que le jeune Charles et l'ensemble de sa classe étaient suffisamment naïfs pour croire que les spaghettis poussaient dans les arbres. Le cameraman n'en a rien oublié. Il a décidé, bien des années plus tard, de tester la crédulité de tout un chacun sur le sujet. Offrant, du même coup, une belle illustration du lien entre imaginaire et produits céréaliers.