C'est un majestueux bâtiment bien connu des Toulousains. La halle aux grains accueille régulièrement des concerts symphoniques derrière ses murs de briques et de galets. Elle est le lieu de résidence de l'Orchestre national du Capitole. Mais cet espace de culture a eu, par le passé, une toute autre fonction. Comme son nom l'indique, ce sont les grains qui ont longtemps constitué le cœur de son activité.
Elle naît en effet dans les années 1860 dans un quartier prospère et commerçant de la ville rose. Sa localisation ne doit rien au hasard : elle est située à proximité du canal du Midi, alors un axe marchand des plus stratégiques. La halle sera ainsi durant plusieurs décennies un haut lieu du commerce des céréales du Lauragais, avant que la réduction des échanges ne l'amène à se tourner vers d'autres activités.
Du commerce des grains à l'art contemporain
Comme à Toulouse, des bâtiments céréaliers ont trouvé à travers la France une seconde vie en devenant des lieux de culture. C'est le cas par exemple à Clermont-Ferrand. Au cœur de la capitale auvergnate, l'imposante halle aux blés est une pièce majeure du patrimoine architectural de la cité. Inscrite à l'inventaire des monuments historiques, elle impose au regard ses murs sombres de pierre de Volvic, si caractéristiques des édifices de la vieille ville.
La halle a été construite entre 1762 et 1771 par l'ingénieur Dijon et fut surélevée en 1822. Les lieux étaient bien sûr destinés au commerce, avec un étage du bâtiment dédié à l'entrepôt des grains. C'était alors un cœur battant de l'activité économique de la cité. Lorsque l'activité marchande cessa, l'édifice fut, comme à Toulouse, préservé grâce à une reconversion dans le secteur culturel. Il abrita alors l'école des Beaux-Arts de Clermont-Ferrand, jusqu'au départ de cette dernière, en 1999.
Après avoir été fermé durant deux décennies, la halle s'apprête aujourd'hui à reprendre vie. Elle accueillera dès 2021 le Fonds régional d'art contemporain (FRAC) Auvergne. Les visiteurs pourront alors admirer ses collections artistiques, tout autant que l'architecture des lieux.
Des concerts dans un silo
A Marseille, c'est un ancien silo qui a trouvé un nouveau souffle en devenant l'un des lieux de culture les plus importants de la ville, abritant notamment un théâtre à l'italienne. Achevée en 2011, cette reconversion a permis de préserver dans la cité un témoin clé de sa riche histoire commerciale. Dans les années 1920, la construction du silo à grains d'Arenc avait offert au port de Marseille une infrastructure de 16.000 m² à la mesure de son activité économique. Les volumes de céréales en transit y étaient alors en pleine expansion. Près d'un siècle plus tard, les Marseillais peuvent toujours admirer le silo, labellisé « Patrimoine du XXe siècle ». S'ils ont été réaménagés, les lieux ont conservé la forme si caractéristique du silo d'antan, avec des façades blanches où se succèdent des demi-cylindres verticaux.
En Normandie, c'est en pôle d'animation jeunesse qu'a été transformé un autre silo. La commune de Verneuil d'Avre et d'Iton (Eure) y a installé les studios de répétition et d'enregistrement de sa MJC, opportunément baptisée Le Silo. Une salle de concert a également été créée. Elle accueille notamment un festival au nom évocateur : Les mauvaises graines. Enfin, la hauteur offerte par le bâtiment a donné des idées aux porteurs du projet de réhabilitation : les cellules de stockage abritent désormais un mur d'escalade de 10 mètres de haut.
La reconversion d'un bâtiment céréalier peut ainsi permettre d'inscrire durablement un lieu de culture au cœur d'un territoire rural. Elle peut aussi servir d'écrin à des collections de prestige, comme à Paris, où l'ancienne Halle au blé est actuellement en pleine transformation
Un prestigieux musée dans une halle au blé
Le bâtiment a été édifié en 1763 et 1767, avec une originalité majeure : son plan circulaire, en rupture avec le dessin rectangulaire des halles aux grains d'alors. La halle parisienne va également se doter d'une réalisation d'exception au début du XIXe siècle : une coupole en fer et fonte de grande portée, la première de l'époque.
Dédiés au marché des grains, les lieux connaîtront à partir de la fin du XIXe de nombreux transformations, à mesure que l'édifice changera de fonction. Il était jusqu'à ces dernières années occupé par la Bourse de commerce de la capitale. Actuellement en travaux, le bâtiment va accueillir à partir de la mi-juin 2020 un nouveau musée présentant la collection d’œuvres contemporaines de l'homme d'affaires François Pinault. Un lieu de culture où les céréales seront toujours présentes. Au 3e niveau se trouvera en effet un restaurant baptisé La halle aux grains. Tenu par Michel et Sébastien Bras, il sera l'occasion de déguster « une cuisine où le grain donnera son impulsion ».