"Et toi, tu le manges comment, ton Petit Beurre ?" Pas de doute : plusieurs générations de jeunes gourmands se sont, un jour, posé cette question à l'heure du goûter. Le Petit LU se déguste-t-il en croquant tout d'abord ses grandes oreilles ? En grignotant délicatement ses côtés les uns après les autres ? En dévorant rapidement une première moitié, puis l'autre ? Ou encore en le trempant préalablement dans une boisson chaude ? Chacun sa technique pour ce biscuit qui rencontre un grand succès auprès des enfants depuis plus d'un siècle.
Comme ce Véritable Petit Beurre, certains produits céréaliers sont devenus au fil des décennies de véritables stars des cours de récréation et des tables de goûter. Ces biscuits mythiques ont d'ailleurs pris une place à part dans l'imaginaire gourmand des Français, les renvoyant à chaque dégustation aux douceurs et aux parfums sucrés de l'enfance.
Les 52 dents du Petit LU
Le Petit Beurre est donc de ceux-là. Une jolie madeleine de Proust pour les adultes, un délice des sens pour les enfants. Et, pour qui se penche sur la conception de cette star du goûter, un biscuit plein de symbolique. Lorsqu'il le crée en 1886, Louis Lefèvre-Utile ne laisse ainsi rien au hasard. Son biscuit a des formes arrondies rassurantes, inspirées du napperon qui recouvre les tables à l'heure du thé. Surtout, il multiplie les évocations temporelles : ses quatres oreilles renvoient aux quatre saisons, ses 52 dents aux 52 semaines de l'année et ses 24 points aux 24 heures de la journée. Le message est clair : le Petit LU est toujours à vos côtés et peut être dégusté à tout moment.
Deux petits beurres
Au tournant des XIXe et XXe siècles, le responsable de la maison LU réussira à imposer son biscuit comme une référence, en raison de la douceur de son goût, mais également grâce à un sens aigu de l'innovation publicitaire. Il fera par exemple appel à des stars de l'époque pour porter son biscuit, telle Sarah Bernhardt qui lui propose comme slogan : "Rien de meilleur qu'un Petit LU, sinon deux !". De quoi installer durablement le Véritable Petit Beurre dans le patrimoine gourmand français.
C'est quelques décennies plus tard que va naître une autre star de notre enfance : le Choco BN. Comme pour le Petit LU, sa genèse se déroule à Nantes. La Biscuiterie Nantaise a, durant la Première Guerre mondiale, produit massivement des biscuits à destination des soldats, les fameux "hard breads" (les pains de guerre). Ils vont donner une idée à l'entreprise : en 1922, elle propose des biscuits simples et peu chers au grand public. Le Casse-croûte BN est né.
Populaire parmi les ouvriers et les écoliers, il va être enrichi dans les années 30 d'une couche de chocolat glissée entre deux biscuits, prenant du même coup le nom de Choco Cas'Croûte. Puis devient, en 1952, le fameux Choco BN que nous connaissons aujourd'hui. Un Choco BN qui s'enrichira dans les années 60 de versions fruitées et prendra, dès 1992, quelques traits humains. Deux yeux, un sourire : rien de tel pour convaincre les nouvelles générations de gourmands !
Le "roi du pain d'épices"
Parmi les souvenirs gourmands de l'enfance, il en est un des plus odorants : le pain d'épices. Grâce à lui, à l'heure du goûter, le plaisir des enfants passait et passe encore aujourd'hui autant par le plaisir en bouche que par les senteurs de cannelle ou de miel. Une gourmandise au lointain passé. Sa production est attestée en France au XVIIe siècle (certains lui prêtent même des origines plus lointaines, dans l'Antiquité).
Différentes maisons ont mis en avant ce produit au fil des siècles, s'en faisant même une spécialité comme Mulot & Petitjean à Dijon depuis l796. L'entreprise Vandamme a, quant à elle, assuré une forte popularité au pain d'épices auprès des plus jeunes, avec l'aide de sa mascotte à tee-shirt jaune, l'ours Prosper ("youp la boum !"), le célèbre "roi du pain d'épices" des années 80 (voir la publicité Prosper).
Un autre biscuit a traversé les générations sans coup férir : la Paille d'Or. On est d'ailleurs presque étonné lorsqu'on évoque son âge... 113 ans ! Elle a été créée en 1905 par Louis Lefèvre-Utile. Une innovation à l'époque : il s'agissait de la première gaufrette fourrée à la pulpe de fruits (en l'occurrence la framboise) lancée sur le marché mondial. Après son Petit Beurre, LU allait à nouveau connaître un grand succès, la Paille d'Or devenant rapidement une figure de proue de l'entreprise nantaise.
Là encore, le patron de l'entreprise apporta le plus grand soin à l'esthétisme de sa nouvelle création. Louis Lefèvre-Utile s'inspira d'une botte de paille et en proposa, avec ce biscuit, une version stylisée. Un succès immédiat : les légères ondulations de la gaufrette allaient conquérir durablement le jeune public. Et rappeler, du même coup, les liens étroits unissant ces biscuits stars et les champs de blé français.
Lefèvre-Utile s'inspira du motif de la botte de paille pour décorer les Paille d'Or