L'histoire suffit en elle-même à illustrer toute l'importance de la céréale pour le peuple maya. Maïs, précieux maïs, divin maïs : il est, de fait, omniprésent dans ses croyances, tout comme d'ailleurs dans celles de l'ensemble des peuples des Amériques. On retrouve ainsi la plante au rang de divinité à toutes les latitudes du continent. Le plus souvent de sexe féminin, elle symbolise la fertilité et la procréation. Les graines du maïs sont également souvent perçues dans les civilisations précolombiennes comme les vecteurs de la puissance du corps humain. N'est-ce pas elles qui doivent lui transmettre l'énergie que les peuples attribuent au soleil ?
On comprend là tout le lien qui existe entre les croyances des peuples amérindiens et leur alimentation -à l'image du blé en Europe et du riz en Asie. Les constructions imaginaires bâties autour du maïs l’ont d’abord été parce que la plante occupait une place centrale dans les repas des Mayas, des Aztèques ou encore des indiens Pueblos d’Amérique du Nord. Sa culture, débutée en Amérique Centrale vers 5000 av J.-C., s’était imposée au fil des siècles sur l’ensemble du continent. La vie s’organisait autour de son cycle de production et le développement des communautés humaines dépendait de la qualité des récoltes. D’où l’importance des cultes voués à cette céréale, fréquemment associés à des prières pour favoriser la pluie et offrir une belle récolte.
Mais le divin maïs n’était pas seul. Plusieurs peuples amérindiens ont compris l’intérêt d’associer sa culture à celle de deux autres végétaux : la courge et le haricot grimpant. A ainsi été formée la célèbre bande des « trois sœurs », qui allaient mener pendant des siècles une cohabitation des plus fructueuses dans les champs -le haricot grimpant se servant par exemple des tiges du maïs comme support à sa croissance. Logiquement, leur association allait trouver son prolongement dans le domaine religieux. Chez les Iroquois, il s'agissait d'une trinité divine. Le livre sacré des Mayas, le Popol Vuh, fait également référence à cette triplette agricole.
En débarquant sur les terres américaines à la jonction des XVe et XVIe siècles, les explorateurs du Vieux Continent découvrirent avec étonnement l’incontournable maïs, si grand, si sacré. Christophe Colomb fut stupéfait par ces « blés gigantesques » aux grains dorés. Ce sont quelques spécimens des Caraïbes, appelés « mahiz » par le peuple des Taïnos, que ses marins ramenèrent en Espagne, point de départ d’un développement considérable dans le monde entier. La plante traversa ainsi avec succès l’Atlantique, ses mythes et légendes restant, eux, sur le continent américain.