Tracteur agricole sur une route

Quel automobiliste n’a jamais suivi au ralenti un tracteur, une moissonneuse batteuse ou une imposante machine agricole dont on ignore l’utilisation ? Mettons à profit ces quelques kilomètres où le temps suspend sa course pour découvrir qui sont vraiment ces géants des champs que l’on rencontre sur les routes de campagne.

Machinisme agricole : le tracteur bat la campagne en toute saison

Emblème de la vie rurale, le tracteur agricole est le matériel roulant le plus utilisé par les agriculteurs. On le voit sur les routes de campagne par tout temps et en toute saison. Comme son nom l’indique, le tracteur sert à tracter... Notamment des remorques chargées de grains fraîchement récoltés, de bottes de paille ou de bois coupé. Mais il est aussi utilisé pour porter une vaste palette d’outils.

On y attelle par exemple la charrue, reconnaissable à sa ligne de sabots acérés (socs) qui labourent la terre. Également dédié au travail du sol, on apercevra l’endaineur à pierres, qui ratisse les cailloux à la surface du terrain et les met en tas avant que le concasseur les réduise en miettes. Le déchaumeur est aussi très souvent de sortie. Il présente un cadre métallique sur lequel sont fixées des dents fines et recourbées qui accomplissent un travail superficiel de lissage du terrain et qui, après la récolte, enfouissent les pailles dans le sol.

Machine agricole : la charrue

Machine agricole : une charrue laboure une parcelle de céréales  - Serge Sauret / Passion Céréales

 

À l’heure des semis agricoles

La période des semis (de mi-septembre à mi-octobre pour la plupart des céréales à paille) offre l’occasion de croiser les semoirs. Attelés au tracteur, on les reconnaît à leur ligne de disques (ou de socs creux) qui sont les organes de mise en terre des semences : ils ouvrent un sillon dans le sol et guident les graines vers ce sillon où elles sont ensuite recouvertes de terre à l’aide de griffes. Les disques sont approvisionnés par un mécanisme de distribution depuis des trémies (réservoirs) où sont stockées les graines. 

Les semoirs traditionnels sont conçus pour espacer les lignes de semis de 12,5 à 17 cm. Selon leur capacité, ils peuvent tracer 20 à 64 rangs parallèles en un passage, ce qui représente une envergure de 2,5 m à 8 m de large. Pour pouvoir prendre la route, les plus grands gabarits sont constitués en trois parties articulées ce qui permet de replier les deux extrémités sur la structure centrale.

Machine agricole : le semoir de blé

Machine agricole : semoir pour semis direct de blé - Sebastien d'Halloy/Passion Céréales

 

La moissonneuse-batteuse, reine des plaines céréalières

Parmi les machines agricoles impossible de passer à côté de la moissonneuse-batteuse. Avec son corps central large de 2,5 à 4 m, sa cabine vitrée perchée à 2 ou 3 m du sol et sa longue barre de coupe attelée en remorque, elle représente à elle seule un convoi pouvant dépasser les 20 m de longueur et dont la vitesse est limitée à 25 km/h. Dédiée à la récolte des grains, on la croise de la mi-juin jusqu'en septembre.

Quand le convoi agricole arrive sur la parcelle à récolter, la barre de coupe est détachée puis arrimée à l’avant de la moissonneuse. Cet outil est constitué d’une rangée de lames qui coupent les tiges au ras du sol et d’un long cylindre rotatif qui sectionne les épis. Un tapis roulant transporte le flux de récolte vers le batteur, un autre cylindre rotatif placé au centre de la moissonneuse qui bat les épis afin d’en détacher les grains. Ceux-ci passent à travers un tamis puis sont acheminés par tapis roulant vers la trémie de stockage tandis qu’une soufflerie éjecte les autres parties de la plante.

Machine agricole : moissonneuse batteuse

Machine agricole : moissonneuse batteuse pendant la moisson dans un champ de blé tendre  - Passion Céréales

Le principe de fonctionnement de la moissonneuse-batteuse reste le même depuis l’invention de la mécanisation, mais les technologies ont considérablement progressé afin de rendre les opérations toujours plus précises et d’améliorer la qualité des grains. Pour récolter le maïs, la barre de coupe cylindrique est remplacée par un « cueilleur » reconnaissable à sa ligne de becs pointus qui recouvrent les dispositifs de coupe et de broyage des tiges.

 

Des outils pour lier les bottes de foin et presser les balles de paille

Ce tour d'horizon du machinisme agricole ne serait pas complet sans évoquer la récolte du fourrage (maïs ou herbe fraîche) destiné aux animaux. Le travail est effectué par un engin qui coupe, hache et charge le fourrage sur une remorque avec laquelle il est acheminé vers les silos de fermentation. Cette machine agricole appelée ensileuse peut être portée par le tracteur ou être automotrice, pour les plus gros modèles.

Machine agricole : ensileuse

Machine agricole : ensileuse - Adobe stock mai 2021

Enfin, quand arrive le moment des foins, en juillet, l’agriculteur attelle à son tracteur une faucheuse, puis une faneuse dotée de fourches rotatives qui remuent le foin au sol pour favoriser le séchage. Il ne reste plus qu’à intervenir avec une presse botteleuse, qui forme des bottes de paille ou de foin, ou avec une presse balloteuse (round baller) qui forme des balles. Dès cette tâche accomplie, l’agriculteur devra reprendre le volant pour démarrer un nouveau cycle cultural, « on the road again » !

 

Des entreprises dédiées aux plus gros travaux

Si toutes les exploitations agricoles possèdent au moins un tracteur ainsi que les outils portés les plus utilisés, les tâches les plus lourdes impliquent des machines agricoles très coûteuses, à l’image des moissonneuses-batteuses ou des semoirs et presses balloteuses de grande capacité. Les agriculteurs peuvent alors se regrouper en CUMA (coopératives d'utilisation de matériels agricoles) pour acquérir et partager l’utilisation de ces matériels agricoles. Ces opérations peuvent également être effectuées par des entreprises de travaux agricoles (ETA) qui investissent dans ces équipements et en assurent la maintenance. Comme l’explique David Gerbaud, gérant d’une ETA implantée à Beauregard, dans le Loir-et-Cher, « nous réalisons pour les agriculteurs une prestation de service "avec chauffeur" tout au long de l’année, sachant que les semis et les récoltes sont les deux temps forts. »

Pour cet opérateur qui récolte 1 000 hectares de céréales dans un rayon moyen de 30 km, le temps passé sur la route représente au moins un tiers des horaires de travail. « À quelques exceptions près, la cohabitation avec les autres usagers de la route se passe globalement bien, affirme David Gerbaud. On évite de faire patienter les gens trop longtemps et on se met régulièrement sur le bas-côté pour les laisser passer. On favorise aussi les grands axes où il y a plus d’espace pour doubler, mais cela impacte plus de conducteurs. Je crois que les gens ont conscience de la finalité de notre tâche : la gêne occasionnée est bien faible par rapport au plaisir de pouvoir déguster chaque jour une bonne baguette de pain ! »

à découvrir également