« Avec mon « exploitation, je peux nourrir 3 000 personnes et fournir de quoi produire 125 000 baguettes ! ». Cet agriculteur alsacien a toujours aimé compter. « C’est dans la lumière du matin que le maïs est le plus beau. Je vais tôt dans mes champs et je calcule : le nombre de rangées, le nombre d’épis, le nombre de grains par épi. Ainsi je sais si ma récolte sera belle ».
Avant de reprendre l’exploitation familiale à Blodelsheim, Clément a d’abord travaillé dans la finance, sa première passion. Pendant 5 ans, il était chargé de clientèle agricole dans une banque. Titulaire d’un BAC C de mathématiques et d’un diplôme d’ingénieur en agriculture, il est revenu à la terre, mais n’a jamais quitté les chiffres. Aujourd’hui, il est trésorier d’une Association de Gestion et de Comptabilité dans son département du Haut-Rhin.
Dans l’imaginaire des citadins, le métier d’agriculteur évoque souvent des scènes bucoliques, le rapport à la nature… « Ce n’est plus seulement ça. Aujourd’hui, un exploitant doit être multitâches ». Clément se dit à la fois « biologiste » pour connaître la vie, « mécanicien » pour réparer les machines, « informaticien » pour entrer dans un logiciel les données des cultures et « mathématicien ». Dans ses champs, il calcule et recalcule en permanence les surfaces, chaque kilo de semences et d’intrants, pour utiliser le minimum de produits. Comme la moissonneuse et le tracteur, le chiffre est un outil précieux.
25 000 baguettes par hectare de blé
Sur les terres caillouteuses de la plaine d’Alsace, le Rhin en débordant a posé ses alluvions. Mais la terre est difficile. Plus qu’ailleurs, la maîtrise de l’irrigation y devient une équation. Comment arroser sur une même parcelle du blé et du maïs qui n’ont pas besoin d’eau en même temps? Comment régler la rampe pour quelle surface ? La moitié, un quart ?
Clément Stahl aime les chiffres et la modernité. Le fruit de son travail permet de produire non seulement 25 000 baguettes par hectare de blé, mais pas seulement. A 50 kilomètres de chez lui, une amidonnerie extrait le sirop de glucose de ses épis de maïs. « C’est dommage qu’on parle si peu des nouveaux débouchés agricoles. C’est fascinant tout ce qu’on peut faire avec de l’amidon de maïs : des lessives, de la peinture, du dentifrice ou des médicaments… » Et même des cahiers pour y faire des calculs !