« Comme si je passais ma thèse… Je fais le tour de mes champs. Je me demande si j’ai tout fait correctement. Ensuite, le professeur qui m’attribue les notes, c’est la moissonneuse, ce qu’elle récolte ! » Quand il se promène dans ses parcelles de blé, d’orge, de colza et de pois, Patrick fredonne la chanson de Jean Gabin « Je sais, je sais qu’on ne sait jamais ». Son métier, il le voit comme un perpétuel apprentissage, une remise en question permanente.
Sa saison préférée, c’est la fin du printemps, quand les épis de blés encore verts sont sortis de leur tige. « Le soir, le soleil disparait tout en haut du coteau. Un petit vent fait onduler les blés. On dirait un coucher de soleil sur la mer ». Le printemps est aussi la saison où le travail se fait moins intense. « C’est un peu comme la fin des révisions. On a bien travaillé. On referme les classeurs. Et il ne reste plus qu’à attendre l’examen ». Patrick est titulaire d’un Bac technique agricole et d’un BTS de gestion. « A l’école, on apprend des choses, la chimie, la biologie, mais on ne se rend pas compte à quoi elles peuvent servir. C’est ensuite dans les champs qu’on réalise combien elles sont précieuses ».
Toucher pour apprendre
Le travail d’un agriculteur est une perpétuelle adaptation. « J’ai appris les rotations, leurs bienfaits pour la terre, pour les récoltes. J’ai fait évoluer mes cultures. Il faut s’adapter aux marchés et à la météo ». Ses outils pour apprendre, ce sont aussi ses doigts. Comme la sensation douce de la craie qui écrit sur l‘ardoise, le toucher enseigne à l’agriculteur. « Toucher la terre que l’on malaxe, pour connaitre l’humidité et l’argile. Toucher la tige qui résiste, pour savoir si la plante est vigoureuse. Toucher le grain, s’il est lisse, s’il est lourd, pour savoir si la farine sera de qualité ».
Cet apprentissage permanent, Patrick Rimbert le pratique aussi dans la vie publique. Il a été élu conseiller municipal de la commune de Sentelie, 200 habitants. « J’aime être connecté à la vie et comprendre les choses qui sont autour de moi ». La vie dans la cité est aussi une école.