Lorsque Jean-François Monod parle de son terroir avec sa voix chaleureuse d’homme du Midi, il commence par évoquer les vents qui fouettent ces terres de l’Aude qu’il aime tant.

Là-bas, le Cers, froid et sec, ne s’arrête de souffler que pour mieux laisser la place au Marin, vent fort et humide venant de Méditerranée, ayant la réputation de rendre fou. Les deux ont façonné à ce point l’imaginaire des gens de la région qu’on dit là-bas que les crimes commis les jours de Marin seraient plus excusables que les autres. Drôle de circonstance atténuante qui fait sourire le céréalier lorsqu’il raconte cette anecdote.

Puis il enchaîne sur les caractéristiques bien particulières de cette terre située tout à côté de Castelnaudary. C’est une terre argileuse, compliquée à travailler. Trop de sécheresse ou un peu trop d’humidité ? Immédiatement, la terre devient trop dure ou trop collante pour faire du bon travail. Alors ici encore plus qu’ailleurs, il faut être au plus près du terroir, sentir, avoir un lien presque charnel avec la nature pour déterminer le moment propice qui va permettre à l’agriculteur de faire pousser ses blés. Jean-François Monod s’y attelle tout au long de l’année depuis dix ans. C’est ce qu’il appelle faire ses tours de plaine : prendre sa voiture et aller visiter ses 120 hectares pour surveiller, inspecter, anticiper, et écouter le vent...

La danse des blés

« Le vent, c’est formidable parce que ça fait danser les blés ! » Le céréalier est particulièrement sensible aux beaux reflets qui miroitent dans ses champs et nourrissent son imaginaire d’avril à juillet. Souvent, il s’arrête et contemple le spectacle. « Il faut savoir que les feuilles de blé ne sont pas droites : elles renvoient la lumière lorsqu’elles ondulent sous le vent. On a alors l’impression d’être un oiseau et de pouvoir survoler ces grandes étendues. C’est magnifique ! »

Jean-François Monod parle volontiers du soutien que les agriculteurs s’apportent entre eux. Lui-même a bénéficié de la bienveillance des anciens, jamais avares de bons conseils. Sa voix devient enthousiaste lorsqu’il évoque les plaisirs de l’amitié. « Certains de mes collègues sont devenus des copains. On s’organise des repas, des fêtes. » Soudain, on se dit qu’on aimerait nous aussi pouvoir se glisser au milieu de la joyeuse troupe et profiter du temps qui passe, des blés qui miroitent dans le vent et de la chaleur humaine qui se dégage de sa voix.