« Quand j'étais enfant, il n'y avait pas de perdrix. Aujourd’hui, je les vois voler le matin. Nous avons des buses, des tourterelles et beaucoup d'oiseaux migrateurs qui s'arrêtent chez nous. Des oies sauvages viennent se poser régulièrement dans les champs de blé en hiver ». Quant aux cigognes, elles sont revenues dans le village il y a trois ans. « Si elles sont là, c'est qu'elles y sont bien et que la nature leur donne ce dont elles ont besoin. »
Pour favoriser cette biodiversité, Christian fait tout ce qui est en son pouvoir pour utiliser moins de produits phytosanitaires. Il pratique la rotation des cultures. Il utilise des logiciels pour mieux gérer les besoins de ses plantes. Et s'il faut traiter, il le fait dans un contexte optimal. « Le matin très tôt, quand il n'y a pas de vent. Choisir le bon moment permet de réduire les intrants de moitié ! »
Ses champs plats sont installés sur l'ancien lit du Rhin, à quelques kilomètres de la frontière allemande, dans le village de Schirrhein... 185 hectares de blé, maïs, colza, soja et aussi des oignons. Les plus belles journées pour cet Alsacien amoureux de la nature sont celles qui annoncent la pluie. « Les paysages sont incroyablement précis. On voit d'un côté les Vosges, de l'autre la Forêt noire, comme s’ils étaient tout à côté. » Il aime aussi le matin tôt quand les animaux sont encore là. « On rencontre des chevreuils, des lièvres, quelques sangliers. Ils se sont habitués à notre présence. Et nous regardent travailler tranquillement. »
Cette biodiversité le conforte dans la manière de faire son métier. « Mon fils François-Xavier a fait des études d'ingénieur agronome. Il devrait bientôt s'installer avec mon épouse et moi. Je veux que la terre que nous lui transmettrons un jour soit encore plus belle que celle que m'a transmise mon père. Une terre fertile et accueillante où continueront à s’arrêter les oies sauvages. »
Un drôle d'oiseau l’aide depuis peu à exaucer ce rêve. Cette année, un drone a survolé ses 40 hectares de blé pour analyser le besoin nutritionnel de ses plantes. « D'habitude, je dois faire des prélèvements moi-même dans les champs. Là, j'ai gagné beaucoup de temps. Grâce au drone, j'ai su que je devais mettre moins d'azote. »
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