On le croyait tombé aux oubliettes mais le millet (aussi appelé "mil") signe son retour en France et le trouver dans des magasins de l’Hexagone n’est plus vraiment une surprise. Pourtant, ça ne semblait pas gagné : ces petits grains jaunes étaient habituellement importés (de Chine, d’Ukraine, du Canada) et avaient sensiblement déserté les champs français au profit du maïs et du blé. Si bien que rares sont ceux capables de définir son goût ou sa texture...
Pourtant, en France, on le cultive jusqu’au XVIIIème siècle, essentiellement dans les Landes de Gascogne et en Vendée. C’est avec l’arrivée du maïs, qui demande moins de travail et qui est plus rentable, que sa production s’essouffle pour disparaître progressivement. Aujourd’hui, la filière renaît peu à peu. Un juste retour des choses pour Martine, cofondatrice de l’association Terra Millet, qui s’est donnée pour mission de promouvoir les millets en Occident, en lien avec des associations d’Afrique et d’Inde.
"Le millet en France, ce n’est pas nouveau", explique cette vendéenne. "Il a même nourri la France durant des siècles ! Au Moyen-Âge, c’était un des principaux grains consommés. On l’aimait parce qu’il permettait de diversifier l’alimentation. Il apportait un complément protéiné et vitaminé aux populations pauvres des campagnes". Et, on vous le donne "en mil"»: c’est la Vendée qui assurait près de la moitié de la production nationale jusqu’à l’entre deux guerres !
Fleuron du terroir vendéen
En Vendée, les aînés connaissent bien le millet et en achètent encore régulièrement dans les petites épiceries du coin. Dans leur esprit, le nom de cette petite perle jaune riche en protéines, qui a disparu des paysages français à partir des années 60, évoque d’abord de succulents desserts de leur enfance : le gâteau de semoule de millet, ou "gâteau de mil", assez épais, souvent découpé en grosses tranches rissolées et saupoudrées de sucre, parfumé de fleur d’oranger ou de vanille. Ou encore le célèbre "millet au lait" ("Do Pilaï" en patois), du millet en laitage aux faux airs de riz au lait. C’est lui qui, traditionnellement, concluait les repas de battages, les mariages et autres fêtes familiales, civiles ou religieuses. Cet incontournable dessert conserve encore aujourd’hui, fièrement, son identité de "gastronomie du terroir".
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Et même si la culture du millet dans la région reste encore timide, les vendéens sont restés attachés à leur millet, le considérant comme leur patrimoine culturel et culinaire. Y compris chez les jeunes générations ! Camille, 26 ans, jeune agriculteur bio, a relancé la culture du millet depuis 2013 à Saint Florent Des Bois. Il raconte : "Ici (ndlr : en Vendée), le millet se vend très bien. Je le cultive sans engrais, sans pesticides ni arrosage. Nos terres sont parfaites pour cultiver cette céréale : pauvres en calcaire, pas trop lourdes." Ce que confirme Martine avant d’ajouter, fièrement : "Le millet est resté dans l’inconscient collectif des vendéens. Sa valeur symbolique est très forte. Ce n’est pas seulement une céréale qui va occuper l’assiette ou remplacer le riz dans un plat ça va bien au- delà de cela ! Dans le bocage vendéen, le millet évoque tout de suite quelque chose de culturel, de traditionnel."
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