Coupe Cérès, Christophle & cie Eugène Capy, Pierre Rouillard (1862)

On continue notre promenade céréalière au musée d'Orsay, toujours avec des oeuvres post 1848 et notamment la semeuse qui orne toujours certaines de nos pièces de monnaie...

Dès les années 1850, le développement des comices agricoles est l’occasion de mettre en lumière les céréaliers et d’offrir des récompenses officielles.

La coupe représentant Cérès, réalisée par l’orfèvre Christofle en 1862, est un exemple de trophée prestigieux. La déesse Cérès, dont le nom a donné celui de céréale, devient un sujet de prédilection. Les références mythologiques sont réactivées, afin d’établir un lien entre l’Antiquité et l’époque contemporaine, et montrer toute l’importance du développement céréalier de la France.
Dans l’Antiquité, on considérait que Cérès, fille de la déesse de l’Abondance, avait appris aux hommes à semer, récolter et panifier. Son passage dans les enfers, six mois dans l’année, auprès de sa fille enlevée par Vulcain, expliquait le cycle des saisons.

Dans la Rome antique, lors des mariages, les époux partageaient une galette d’épeautre, signe du passage de la jeune mariée de la maison de son père à la tutelle de son mari. Dès le VIIIe siècle avant notre ère, Homère considérait déjà que la différence entre les monstres et les hommes était la faculté des seconds à manger du grain.
Ces légendes sont sources d’inspiration pour les artistes auxquels les autorités commandent des œuvres, des récompenses, des médailles, symbolisant la fécondité de la terre nourricière et la puissance apportées par les moissons.

 

L’art de la médaille est d’ailleurs l’un des supports officiels de la représentation céréalière au cours du XIXe siècle.
La Semeuse d’Oscar Roty en est la meilleure illustration. D’abord représentée comme une robuste paysanne, le personnage de la semeuse devient dans un second projet de l’artiste pour les pièces de monnaie (1896) une jeune fille agile. Semant contre le vent, par convenance artistique, La Semeuse est mal reçue par les agriculteurs. Elle est aussi décriée par une partie de la classe politique qui lui prête de semer le trouble social et des idées de révolte.
Toutefois, le destin de cette œuvre est intéressant, puisque le gouvernement porte son choix sur Roty. Celle qui répand les idées nouvelles et la richesse figure dès 1897 sur des pièces de monnaie, puis à partir de 1903 sur les timbres. Elle est encore représentée aujourd’hui sur les pièces françaises de 10, 20 et 50 centimes d’euro.

 

Légendes et crédits photos :

  • Coupe Cérès, Christophle & cie Eugène Capy, Pierre Rouillard (1862) © Alexandre Burtard
  • La Semeuse, Oscar Roty (1887) © RMN, Thierry Ollivier

 

Cet article est un épisode issus d'un parcours de visite au Musée d'Orsay, qui comprend une sélection d'œuvres pour découvrir les dimensions symboliques, sociales et artistiques incarnées par les céréales et les produits céréaliers dans les tableaux et sculptures, dans les médailles, le mobilier et les objets décoratifs des artistes du XIXe siècle.

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