Pour des générations de vacanciers, la brioche vendéenne a la saveur des étés passés sur la côte atlantique. Retour sur l'histoire d'une pâtisserie devenue ambassadrice de son territoire.

Dans la France des années 1930, une avancée sociale bouleverse le quotidien des Français. Les congés payés sont adoptés et permettent à des salariés de partir quelques jours en vacances. Parmi les destinations prisées : la Vendée. Les longues côtes ensoleillées du département attirent notamment en nombre des Parisiens qui, année après année, vont prendre leurs habitudes dans les stations balnéaires donnant sur l'Atlantique. Ils découvrent un territoire, sa culture, son histoire. Et sa gastronomie. Pour la brioche vendéenne, qui compte parmi les trésors du patrimoine local, c'est le début d'un âge d'or.

Tous les boulangers se l'accordent aujourd'hui : "La production de brioches s'est développée avec l'avènement des congés payés", comme le résume Aurélien Allaizeau, boulanger au Pain d'Auré, à Olonne-sur-mer. "Les ventes ont alors considérablement augmenté sur les lieux de passage des touristes et sur la côte", note Dominique Planchot, boulanger à la tête du groupe Planchot. Savoureuse, la brioche tressée séduit les palais des vacanciers et incite boulangers mais aussi, progressivement, industriels, à se lancer dans sa fabrication.

"Un petit bout de Vendée"

Les ventes suivent d'autant plus qu'une tradition va faire son chemin parmi les estivants : les vacances terminées, nombre d'entre eux repartent avec la fameuse brioche. "Ils avaient l'impression de ramener un petit bout de Vendée avec eux", confirme Aurélien Allaizeau.

Dans l'imaginaire collectif, la brioche vendéenne devient ainsi l'évocation gourmande d'un territoire et, au-delà, des vacances d'été. Dans les appartements parisiens, sa dégustation rapprochera, pour quelques jours encore, de l'ambiance estivale et de plages, de vagues désormais bien loin. Ce faisant, la pâtisserie tressée permet à la Vendée de tisser un lien fort avec les Français.

La danse de la brioche

Avant de devenir une ambassadrice en vue auréolée de signes de qualité (Label Rouge et Indication géographique protégée), la brioche était déjà, depuis bien longtemps, un marqueur fort de la région. Au XXe siècle, c'était une pâtisserie préparée dans nombre de fermes des campagnes vendéennes. Une pâtisserie associée aux moments de fêtes. A Pâques, par exemple, où sa confection permettait de consommer une partie des œufs non utilisés les semaines précédentes, période du Carême oblige.

Surtout, la brioche tressée a été étroitement liée aux mariages. La tradition voulait que le parrain de la mariée offre une grande brioche, pouvant faire parfois plus de 20 kg. La pâtisserie allait être portée sur un brancard (rejointe, parfois, par la mariée elle-même !) et donner lieu à la danse de la brioche, avant d'être dégustée collectivement.

Des traditions qui perdurent aujourd'hui. Le partage de la brioche est toujours un symbole fort des mariages vendéens. Dans les boulangeries, le secret de la recette se transmet encore de génération en génération. Quant à l'attachement des touristes pour cette pâtisserie, il est intact, assurent les fabricants. Pour preuve, leurs ventes grimpent invariablement chaque été, grâce à des touristes venus chercher dans les tresses de la brioche les clés de leurs souvenirs de vacances.